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Élections françaises : quel impact sur l’économie et les marchés ?

L’analyse de Philippe Waechter, Directeur de la Recherche Economique, Natixis AM Une dynamique française insuffisante La dynamique de l’économie française est fragile et la France peine à retrouver une allure de croissance satisfaisante. Avant la crise de 2007, l’activité en France progressait en moyenne de 2 % par an. Depuis 2013, elle augmente de 1 % en moyenne, entraînant une dynamique de l’emploi plus réduite. Même si la croissance française devrait être un peu supérieure en 2017, autour de 1.5 %, ce chiffre est insuffisant pour lever les inquiétudes des Français. Les principaux candidats souhaitent répondre à l’incertitude des Français. Comment ? Marine le Pen propose l’option la plus radicale : une sortie de la France de la zone euro et de l’Union Européenne (UE), pour retrouver des marges de manœuvre dans la gestion de l’économie française. Une telle mesure créerait des effets négatifs pour l’économie française et les épargnants. En générant une forte incertitude, elle pourrait affecter le comportement des épargnants mais aussi des investisseurs étrangers, possiblement tentés de trouver des opportunités en dehors de la France, voire en dehors de l’UE. A la clé : un risque d’une baisse des marchés financiers, une dévalorisation de la monnaie et une hausse spectaculaire des taux d’intérêt.

L’analyse de Philippe Waechter, Directeur de la Recherche Economique, Natixis AM
Une dynamique française insuffisante
La dynamique de l’économie française est fragile et la France peine à retrouver une allure de croissance satisfaisante. Avant la crise de 2007, l’activité en France progressait en moyenne de 2 % par an. Depuis 2013, elle augmente de 1 % en moyenne, entraînant une dynamique de l’emploi plus réduite. Même si la croissance française devrait être un peu supérieure en 2017, autour de 1.5 %, ce chiffre est insuffisant pour lever les inquiétudes des Français.

Les principaux candidats souhaitent répondre à l’incertitude des Français. Comment ?
Marine le Pen propose l’option la plus radicale : une sortie de la France de la zone euro et de l’Union Européenne (UE), pour retrouver des marges de manœuvre dans la gestion de l’économie française. Une telle mesure créerait des effets négatifs pour l’économie française et les épargnants. En générant une forte incertitude, elle pourrait affecter le comportement des épargnants mais aussi des investisseurs étrangers, possiblement tentés de trouver des opportunités en dehors de la France, voire en dehors de l’UE. A la clé : un risque d’une baisse des marchés financiers, une dévalorisation de la monnaie et une hausse spectaculaire des taux d’intérêt.

La dynamique du revenu universel et le financement du système social en taxant les robots sont une originalité du programme de Benoit Hamon. Le premier aspect pose un problème de financement et d’incitation au travail. Le second aspect interroge sur l’impact qu’une telle imposition aurait pour l’installation de ces mêmes robots en France.

Pour François Fillon, le salut passe d’abord par l’austérité qui serait garante d’un retour ensuite de la croissance. Cette dynamique est toujours délicate à appréhender car elle n’a rien de mécanique et nécessite que les actions menées par le gouvernement soient perçues comme crédibles dès le début, et sur la durée.

Pour Emmanuel Macron, l’objectif est de mettre en place une stratégie plus coordonnée et plus coopérative entre les français et entre générations. L’objectif est alors de créer une dynamique commune en réduisant les déséquilibres, et de porter les efforts sur l’éducation et la formation. Pour réussir, cela suppose de parvenir à donner aux Français la capacité de se projeter dans l’avenir. La difficulté de rassembler dans la durée sera probablement un obstacle si les résultats tardent à arriver.

Pour Jean-Luc Mélenchon, la France doit sortir des contraintes que lui imposent les traités dans lesquels elle s’inscrit, comme le Pacte de Stabilité et de Croissance. Il souhaite sortir également des traités de libre-échange, et prévoit un fort plan de relance pour doper la croissance via la demande. Mettant la France en décalage vis-à-vis de l’Europe, ce programme impose un financement des investisseurs France et étranger qui pourrait fragiliser les marchés financiers (taux d’intérêt bien plus élevés).

La capacité du candidat élu à disposer de la majorité : la coalition probable
Les élections législatives suivront de près l’élection présidentielle. Historiquement, les Français votaient massivement pour le parti du candidat élu à la présidence. Cela donnait de la légitimité à l’élu et une majorité suffisante pour gouverner. Il semblerait que cette fois-ci une majorité soit difficile à trouver. Il est probable que, quel que soit le vainqueur de l’élection présidentielle, il ou elle n’aura pas de majorité pour gouverner. Il faudra alors composer et mettre en œuvre un programme sans relief car la majorité de coalition manque généralement d’audace.

Coté marché : des échéances politiques scrutées par les marchés financiers : un impact sur-estimé ?

L’analyse de Jean-Charles MÉRIAUX Directeur de la gestion, DNCA Finance

« Il est encore trop tôt pour écrire le testament de la zone euro »

Même si la tentation de l’extrémisme politique et économique a une audience large, le vote des Pays-Bas en mars 2017 démontre que les thèses anti-européennes sont loin d’être majoritaires. Nul ne conteste certaines inefficiences de l’UE ni les incohérences de la zone monétaire avec des niveaux de flexibilité des économies qui divergent. Pourtant, tous les paramètres économiques de la zone euro s’améliorent nettement.
Election en France : dès ce dernier obstacle politique franchi, la zone euro pourrait de nouveau apparaître comme une zone d’investissement attractive.
Actions zone euro : les dernières publications des entreprises confirment la bonne santé de la zone euro, y compris la France. Les actions de sociétés dont la valorisation est sous-estimée par les marchés et les grandes capitalisations boursières françaises et européennes sont à privilégier.
Obligations zone euro : sous la menace d’une hausse des taux, des choix sont à privilégier. Notre stratégie : continuer de préférer les obligations de maturité résiduelle courte, bien que les rendements soient faibles.

L’analyse de Louis BERT Directeur général délégué en charge des gestions, Dorval AM

« Pourquoi les élections en France peuvent surprendre (les marchés financiers) à la hausse »

La solidité de la croissance mondiale se confirme. Elle atteint désormais la France et l’Italie. La bataille politique de l’euro a commencé, et un scénario favorable semble se dessiner en France et en Allemagne. Les enjeux des élections sont tels que les actions de la zone euro portent une forte prime de risque : sous-évaluées, elles en deviennent attractives.
L’écart dans les sondages en défaveur des eurosceptiques est nettement plus important que celui qui séparait Donald Trump et Hillary Clinton. L’élection d’un candidat pro-Européen en France pourrait ne pas être la seule bonne nouvelle de l’année. Martin Schultz pourrait aussi l’emporter en Allemagne, avec des conséquences positives pour la gestion de la zone €.
Si les élections françaises voyaient la victoire d’un parti anti-européen, les taux français monteraient fortement, mais ils ne baisseraient pas beaucoup dans le cas contraire.
Dans le cas très probable de l’élection d’un candidat pro européen, un fort rattrapage des actions européennes en bourse devrait avoir lieu par un retour massif des grands investisseurs internationaux.

L’analyse de Matthieu GENESSAY, Associé, H20 Asset Management

« Ne pas négliger le potentiel haussier offert par les actifs européens dans l’éventualité de l’issue la plus probable »

Dans un contexte international de plus en plus porteur, le mandat du prochain Président débutera dans un contexte bien plus favorable que celui de ses deux prédécesseurs.
Dans l’éventualité peu probable où Marine Le Pen gagnerait, rien n’arriverait avant les élections législatives. C’est alors son incapacité probable à rassembler autour d’elle une majorité parlementaire qui entraînerait le pays dans une paralysie politique et qui rendrait difficile voire impossible, tant démocratiquement que juridiquement, tout programme de sortie de l’Union (Monétaire) Européenne.

Inversement, si un Président pro-UE ressort des urnes, et obtient une majorité aux élections législatives, le feu serait alors au vert pour les actifs risqués européens actuellement victimes d’une importante prime de risque politique. Dans cette éventualité la plus probable, le risque politique au sein de l’UE s’évaporerait, et la voie serait ouverte à une nouvelle dynamique pro-européenne de la part de gouvernements fraîchement élus (Pays-Bas, France et bientôt Allemagne) pour les années à venir. Pour les investisseurs internationaux, l’UE se présenterait comme un bloc de plus en plus intégré, source de stabilité géopolitique et économique, offrant ainsi une meilleure visibilité et, par là même, des actifs plus sûrs aux investisseurs internationaux.

L’analyse de Nuno TEIXEIRA Directeur solutions institutionnels et réseaux, Natixis Asset Management

« Quel impact sur les marchés financiers français et européens ? »

La méfiance d’investisseurs internationaux à l’égard des échéances politiques françaises a pesé sur les valorisations des marchés européens depuis des mois, sans raison économique. La difficulté d’analyser les rouages et dynamiques politiques français les ont incité à rester en retrait des marchés de la zone euro.
Qu’attendre du marché des actions : au-delà d’éventuels soubresauts à court terme, au gré des aléas politiques, nous sommes favorables aux actions France et zone euro, car le scénario le plus probable n’est pas un scénario de rupture.
Que privilégier ?
Actions France et Zone euro : nous restons particulièrement positifs sur :
– les petites et moyennes valeurs de la zone euro qui restent les plus réactives à l’accélération de l’activité économique,
– les entreprises financières appelées à profiter de la remontée des taux longs qui s’amorce.
Obligations France et Europe : Prudence, et notamment sur les obligations des pays périphériques
Une remontée des taux en zone euro est inéluctable à court/moyen terme. Et l’incertitude politique touche aussi les pays périphériques, comme l’Italie – où l’échéance des élections législatives approche (février 2018) sans qu’aucune majorité crédible ne se dessine.

L’analyse de Frank TRIVIDIC Directeur Allocation Flexible & Volatilité, Seeyond

« Comment aborder l’allocation d’actifs dans cette période ? Diversifier et gérer les risques ! »

Depuis le début 2017, la croissance mondiale accélère. Le marché devrait être rythmé par des mouvements de grande ampleur cette année encore, en raison des incertitudes politiques et économiques. Certains paramètres sont toutefois plus clairs qu’en 2016 :
– les investisseurs sont devenus plus pessimistes dans leur évaluation des risques politiques, mais aussi plus complaisants quant à leur impact sur les marchés ;
– les espoirs concernant l’évolution de l’économie mondiale sont élevés.
En cas de victoire du Front National (FN), les marchés pourraient sur-réagir, entraînant des retournements brusques mais temporaires. Dans ce contexte, une gestion active des risques sera primordiale pour limiter les répercussions de possibles soubresauts et saisir les occasions dès qu’elles se présenteront.
Générer des rendements et limiter la volatilité impliquera une diversification active par une allocation dans les stratégies qui privilégient la gestion des risques.

L’analyse de Marc RIEZ Directeur général, VEGA Investment Managers

« Risque politique ? Plutôt une opportunité en France et en Europe »

Un risque électoral « français » qui nous semble mal évalué. Les investisseurs étrangers sont frileux, et absents de la zone euro depuis plusieurs mois : les gérants anglo-saxons et asiatiques craignent en effet une victoire « facile » du FN. Mais, ils mettent de côté la spécificité de notre dispositif (scrutin à deux tours, avec souvent de vastes écarts entre les deux…) et celle de notre corps électoral (plutôt âgé et donc favorable à la zone euro). Selon nous, le retour de flux de capitaux étrangers après l’élection constituera un élément positif pour les marchés financiers européens.
Coté France : nous considérons que le risque se situe davantage post-élection avec du flou sur les réformes, lié au probable gouvernement de coalition à venir.
Côté européen : à l’anniversaire des 60 ans du traité de Rome, plusieurs bonnes initiatives sont déjà en marche comme la relance d’une Europe à plusieurs vitesses ou le budget européen autonome. Ces actions favorables à la zone euro seront sans doute soutenues par les deux candidats pro européens qui se présentent à la présidence allemande.

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