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L’œil sur les marchés financiers : octobre 2018

Contexte économique, évolution des indices… Voici le point de vue de Philippe Waechter, Directeur de la recherche économique chez Ostrum AM, sur ce qu’il fallait savoir en octobre 2018.

Les marchés financiers réagissent à deux types d’impulsion. Le premier type est économique et reflète la dynamique de la croissance, de l’inflation et la réaction des banques centrales. Le deuxième type est politique et, il est susceptible d’engendrer de l’incertitude sur l’environnement économique. Chaque instant traduit une combinaison des deux.

La situation politique en Italie crée de l’incertitude quant à la volonté du gouvernement de respecter les engagements européens de l’Italie, notamment sur le plan budgétaire. Une telle attitude provoque une défiance des investisseurs étrangers. Cela se constate sur les taux d’intérêt de long terme et par conséquent sur le secteur bancaire, gros porteur de la dette de l’Etat italien. A la veille de la présentation du budget à la commission européenne, aucun investisseur n’est franchement persuadé d’un revirement susceptible de les rassurer rapidement. L’incertitude politique, c’est aussi ce changement dans l’équilibre politique allemand après les élections du week-end en Bavière. Le CSU, majoritaire depuis les années 50, ne l’est plus depuis hier.

Ces risques politiques vont se prolonger jusqu’aux élections européennes de mai prochain. Les gouvernements italien, hongrois, polonais ou roumain ne veulent plus suivre les règles communes et l’on ne peut exclure que d’ici à mai prochain, des tendances centrifuges supplémentaires se manifestent. Pour les marchés cela se traduit déjà par un attentisme plus marqué mais cela se reflètera aussi par un intérêt moindre de la part des investisseurs étrangers surtout si la croissance de la zone Euro est moins vive et si le Brexit crée encore davantage de perturbations par un accord qui ne satisferait personne.

La dimension économique de l’impulsion est très perceptible aux USA. La Maison Blanche reproche à la Fed de remonter son taux d’intérêt de référence trop rapidement au risque de heurter la croissance économique. En fait, la Fed remonte son taux de référence parce que la politique budgétaire mise en place par D.Trump est trop expansionniste à ce stade du cycle économique. L’Amérique est au-delà du plein emploi avec un taux de chômage à 3.7 %1. Il faut donc réduire les pressions sur l’économie afin d’éviter une accélération de l’inflation qui serait dommageable et/ou une vive accélération du déséquilibre extérieur américain.

Cette détermination, Jay Powell l’a depuis qu’il est arrivé à la tête de la banque central l’hiver dernier. Cependant, les investisseurs pensaient qu’il aurait une attitude accommodante vis-à-vis des initiatives du locataire de la Maison Blanche. Powell a ainsi pris les investisseurs de revers en indiquant à plusieurs reprises que sa stratégie de remontée des taux ne serait pas remise en cause. Il affirme ainsi l’indépendance de la banque centrale et sa volonté de piloter l’économie au mieux même si cela se traduit par un ralentissement de la croissance.
Il inscrit son action dans celle, habituelle, de la banque centrale américaine pour maintenir la stabilité de l’inflation. En agissant de la sorte, il limite les anticipations d’inflation réduisant la prime inflationniste contenue dans les taux d’intérêt de long terme. C’est pour cela que je ne crois pas à une remontée forte et marquée des taux longs US. Ils s’ajustent un peu à la hausse afin de refléter la croissance de l’activité mais ils ne peuvent pas aller trop haut sous peine d’être en décalage avec la dynamique de croissance. En effet, si celle-ci est flamboyante à court terme en raison des fortes baisses d’impôts et des dépenses publiques supplémentaires, son allure de moyen terme est moins forte en raison des tarifs douaniers imposés par la Maison Blanche et la baisse de l’immigration.

L’ajustement de la politique monétaire US était souhaitable et la Fed est dans son contrat en adoptant une telle stratégie. Ce qui est nouveau, et cela s’observe aussi aux USA, c’est l’incertitude politique plus forte qui indique une dynamique globale moins coopérative. Ceci pourrait s’avérer préoccupant.

Texte issu du Flash Info Natixis Investment Managers, du 15/10/2018.

(1) Source Bureau of Labor Statistics – données au 12.10.2018.

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