5 juillet 2024
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L’analyse des experts de Natixis Asset Management et de Vega Investment Managers.
Une fois encore, les sondages ont eu tort…
Le 20 janvier-2017, Donald Trump sera investi 45e Président des États-Unis d’Amérique. Les Républicains contrôlent de nouveau la Chambre des représentants et le Sénat.
Sa victoire est spectaculaire et marquera de son impact la première économie du monde. Mais qu’en sera-t-il concrètement, dans les prochains mois ? Quelle sera la composition de son équipe ? Quels seront ses appuis et les contre-pouvoirs qui vont s’exercer ?
Déjà, se déclarant président de tous les américains, ses propos consensuels vis-à-vis de Clinton et des autres pays ont tranché avec sa posture de campagne. Néanmoins, même si de nombreuses promesses électorales ne sont pas toujours appliquées, plusieurs points du programme de Trump sont à prendre au sérieux. Nous entrons dans une zone d’incertitude dans laquelle la vigilance doit être de mise.
Trois points retiennent notre attention quant au programme envisagé.
1 – L’Amérique d’abord
Le vote Trump s’est fait en grande partie sur l’idée que le reste du monde était responsable de la situation dégradée des Etats-Unis. Trump devrait donc s’attaquer à la réduction des facteurs qu’il considère comme pénalisant l’économie et l’emploi américain.
Cela pourrait se traduire par une remise en cause des traités commerciaux dans lesquels les USA sont impliqués, et la mise en place de droits de douane, notamment vis à vis de la Chine.Des répercussions sur le commerce mondial…mais dans quelles proportions ?
Ce schéma engendrerait de l’incertitude. Celle-ci serait fonction de la vitesse à laquelle les mesures seraient prises, de leur ampleur et de la rapidité à laquelle les représailles suivraient.
2- Forte réduction des impôts pour les ménages et pour les entreprises
Trump veut dynamiser la croissance américaine. Pour les ménages, il s’agit de « doper » leur revenu en baissant les impôts et ainsi accroître leurs dépenses. Pour les entreprises, son projet est de réduire l’impôt sur les sociétés à 15 % contre 35 % actuellement.
S’en suivrait une hausse de la demande de la part des consommateurs avec deux conséquences possibles :
3- Une chance pour la zone Euro ?
Pour l’Europe, le message est clair : face au risque d’un choc sur le commerce mondial, conséquence de l’élection de Trump, elle ne peut plus attendre du reste du monde l’impulsion pour assurer sa croissance.
La Banque Centrale Européenne sera un acteur essentiel pour amortir les chocs extérieurs qui pourraient survenir. Ainsi, il est fort probable qu’elle poursuivre sa politique monétaire accommodante (injection de liquidités) pour soutenir l’économie de la zone Euro.
Dans ce nouveau contexte, il appartient à l’Europe, la Zone Euro, la France – de trouver leurs propres catalyseurs de croissance, pour jouer –de nouveau – un rôle majeur dans l’économie mondiale.
L’essentiel pour les investisseurs : ne pas paniquer !
La tendance des marchés américains au lendemain des élections présidentielles ne préjuge pas de ce qui advient au cours de la période qui suit. Les 22 élections qui ont eu lieu depuis 1928 nous le montrent ! Il était logique de s’attendre à une poussée de volatilité sur les marchés d’actions. Comme souvent dans ces contextes, il est probable que cette réaction émotionnelle soit suivie d’autres mouvements en sens inverse, avant que le marché ne se stabilise
Qu’attendre du marché des actions : du plus et du moins
La hausse de l’incertitude politique risque d’entrainer une baisse des prix des actions. Cependant, certaines propositions de Trump pourraient être favorables aux marchés actions américaines, comme son projet de ramener l’impôt sur les sociétés à seulement 15 % (contre 35 % actuellement), ou encore son plan de relance des infrastructures publiques (près de 550 milliards de dollars sur 5 ans).
A contrario, certains actifs des marchés émergents devraient subir des mouvements importants à la baisse, conséquences des positions protectionnistes de Trump.
Des secteurs à éviter, d’autres à privilégier
Une partie des dépenses d’infrastructures devrait être financée par une taxe sur les rapatriements de capitaux des multinationales. Cette mesure fiscale pourrait entraîner un rebond de 4 à 5 % du dollar, pénalisant les entreprises exportatrices. Dans ce contexte, les valeurs domestiques américaines seront à privilégier, ainsi que les secteurs de la construction ou les valeurs pharmaceutiques.
Marchés obligataires américains : une mauvaise nouvelle à moyen terme
Les initiatives budgétaires de Trump, susceptibles d’être avalisées par le Congrès, devraient mener à une forte hausse du déficit public. De plus, les mesures protectionnistes annoncées risquent d’entrainer une hausse des prix des produits importés, qui mènerait à une poussée d’inflation. Deux raisons suffisantes pour rester prudent sur cette classe d’actif.
L’exemple de la surprise du Brexit, mise aujourd’hui en parallèle avec les élections américaines, démontre qu’après le choc initial, d’autres éléments inattendus surviennent, et non des moindres, à commencer par une réalité économique très différente des projections initiales. Toutefois, le poids économique et diplomatique des États-Unis n’est pas comparable avec celui du Royaume-Uni, et nous ne pouvons pas conclure bien sûr, comme lors du Brexit, que les conséquences économiques resteront minimes au niveau international.
Quelle conséquence à ce coup de tonnerre ?
La première, immédiate, est la baisse des marchés actions, mais avec une amplitude initiale inférieure à celle consécutive au Brexit, du fait notamment d’un mouvement sur le dollar moindre que sur la livre sterling.
Des secteurs qui résistent et d’autres moins
Concernant les devises : sur un horizon à 3-6 mois, nous anticipons une baisse du dollar et un arrêt de la surperformance des marchés émergents face aux marchés développées.
Et pour la suite ? Un président ne fait pas l’Amérique
Certes la Chambre des Représentants et le Sénat sont républicains. Mais beaucoup des représentants du « Grand OId Party » se sont désolidarisés de Donald Trump. Ils pourraient représenter une sorte d’opposition interne à la politique que souhaite mener le nouveau Président.
Souvent la réalité politique diffère des promesses électorales…
Rédaction achevée au 10/11/2016, sous réserve d’évolutions de l’actualité économique et financière, ainsi que des dispositions fiscales, juridiques et réglementaires.