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Conjoncture économique : Bilan et perspectives pour l’année 2026

L'année 2025 a profondément redéfini le paysage économique mondial, sous l'influence majeure de la politique protectionniste menée par Donald Trump et de l'exacerbation des tensions géopolitiques entre les États-Unis et la Chine. Quelles ont été les conséquences macroéconomiques de ces dynamiques, et en quoi l’année écoulée a marqué un virage ? Dans ce contexte de redéfinition globale du système monétaire et de l'ordre mondial, quelles perspectives pouvons-nous esquisser pour l’année à venir ? Quelle place pour l'Europe dans ce nouvel échiquier, et peut-on identifier des leviers ou des opportunités ?

Retrouvez ci-dessous la retranscription de l’interview de Philippe Waechter, Directeur de la Recherche économique chez Ostrum Asset Management.

L’économie mondiale semble avoir pris un virage en 2025, pouvez-vous nous en dire plus ?

Plusieurs éléments ont été mis en avant sur l’année 2025. Il y a eu l’arrivée de Donald Trump qui a modifié l’équilibre global. D’un seul coup, les États-Unis voulaient apparaître comme les premiers dans la discussion sur l’environnement international. On a eu la mise en place de droits de douane, on a eu des discussions sur les échanges commerciaux entre les États-Unis et le reste du monde en disant : « Nous sommes les plus importants, nous sommes les plus forts. Qu’est-ce que vous nous proposez pour faire du business avec nous ? » C’est la fin du multilatéralisme. Les États-Unis veulent changer l’équilibre qu’il y a eu pendant 70 ans sur ces échanges.
Le deuxième point majeur sur 2025, c’est la tension très forte entre les États-Unis et la Chine sur le plan technologique. Le point majeur, c’est qui sera le meilleur sur l’intelligence artificielle ? L’important, c’est que celui qui définit le standard accumule les revenus associés à cette technologie. Pour l’instant, les États-Unis ont bénéficié de ces revenus depuis 70 ans ; peut-être que ça va changer.
Le troisième point, c’est que le cycle économique a été plutôt solide malgré tout. On avait beaucoup d’interrogations et finalement la croissance est modeste mais suffisante pour l’instant. L’inflation est revenue dans la zone des 2 %. Elle est un petit peu plus élevée aux États-Unis ; autour de 2 % en zone euro. Donc il n’y a pas de déséquilibre majeur.
Et puis le quatrième point, ce sont les banques centrales qui sont devenues plus accommodantes. On l’a vu aux États-Unis, on l’a vu en Europe. Alors les discussions, les discours ne sont pas tout à fait les mêmes. Ça s’est traduit, malgré tout, par un euro plutôt cher contre dollar et contre yuan. C’est-à-dire que la politique monétaire européenne, qui a été très accommodante avec des baisses de taux d’intérêt, est aujourd’hui perçue comme plus restrictive qu’aux États-Unis. Et ça, c’est quelque chose qui peut être pénalisant dans la durée pour l’économie européenne.

Quelles sont les principales tendances que vous anticipez pour l’année 2026, notamment en Europe ?

Le premier point, sur lequel tout le monde fonde beaucoup d’espoir, c’est le plan de relance allemand. Le plan de relance massif va porter principalement sur les infrastructures, les routes, le numérique, etc. C’est un élément-clé parce que, quand on regarde l’Europe, on a besoin d’impulsion. Les gouvernements en France, en Italie, en Espagne, n’auront pas de politique budgétaire expansionniste : l’impulsion ne viendra pas de là. Donc on attend que l’Allemagne fasse le job.
Le deuxième point à mettre en avant, c’est : comment faire pour que l’Europe devienne plus autonome ? Qu’est-ce qu’elle doit mettre en œuvre pour disposer d’une plus grande autonomie de croissance, d’une plus grande autonomie de décision politique ? L’Europe doit s’armer, doit remilitariser son économie.
Sur le cycle, on espère une reprise progressive de l’activité. On espère que l’inflation va rester autour de 2 %. Comme ça, cette dynamique-là ne sera pas quelque chose qui sera pénalisant pour les décisions à prendre sur l’autonomie, sur la relance et sur le militaire.

Qu’en est-il de la France, comment pourrait évoluer l’économie en 2026 ?

Le premier point, c’est qu’on va rester dans un cadre d’instabilité politique. Ça ne veut pas dire que le gouvernement va sauter très vite. Ça veut dire que chacun des partis politiques, chacun des grands dirigeants politiques français ont les yeux sur l’élection présidentielle de 2027. Et donc toutes les décisions qui seront prises seront conditionnées à cette situation.
Le deuxième point, c’est que malgré tout, on imagine que les gouvernements vont rester un petit peu plus longtemps. Cela réduira l’incertitude pour les entreprises, pour les ménages, et devrait permettre probablement un peu plus d’investissement, un peu plus de consommation, et donc un cycle un petit peu plus robuste.
Le troisième point qui me paraît important, c’est celui de l’industrialisation. On parle beaucoup depuis 2021 de réindustrialisation de l’économie française, on en parle beaucoup. Mais ce qu’on constate quand on regarde les chiffres, c’est que l’économie se désindustrialise rapidement. Et ce qui est intéressant sur 2025, ou à noter plutôt, c’est qu’en 2024, ce sont les groupes et les filiales des groupes internationaux qui avaient tendance à fermer, en France. En 2025, ce sont les ETI, c’est-à-dire les entreprises de moyenne et grosse taille, qui irriguent le tissu industriel français qui sont fragilisées. Et donc entre parler de la réindustrialisation, et observer ce risque sur la désindustrialisation, il est temps de prendre conscience qu’il faut faire quelque chose.
Le quatrième point, pour l’année 2026, c’est le partage des revenus entre actifs et non-actifs. Cette question a été éludée pendant le débat budgétaire, mais elle est essentielle. Les actifs dont le nombre progresse de moins en moins rapidement, sont ceux qui fabriquent le revenu qui sera ensuite distribué aux non-actifs, c’est-à-dire essentiellement aux retraités. Cette question est majeure parce que les niveaux de revenus des retraités et des actifs sont à peu près équivalents en France. Ça n’est le cas nulle part ailleurs, ni en Grande-Bretagne, ni en Allemagne, ni aux États-Unis, ni en Australie. Pour ces pays, le revenu des actifs est supérieur à celui des retraités. On peut se satisfaire d’une équivalence, mais il faut trouver les moyens, les incitations pour que les jeunes travaillent suffisamment pour fabriquer ces revenus. Et il serait intéressant qu’on ait effectivement un débat collectif sur cette question pour que cette question des revenus, de la retraite, soit réglée de façon durable et que la société française puisse progresser collectivement.

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