3 octobre 2024
Le magazine en ligne de la Gestion Privée Caisse d’Epargne pour vous guider dans vos projets patrimoniaux.
D’après France Angels, la fédération qui anime les réseaux de business angels en France, ils seraient entre 7 000 et 8 000 dans l’Hexagone contre 40 000 au Royaume-Uni et 400 000 aux Etats-Unis. Mais qui sont-ils et quelles motivations les animent ? Partage d’expérience avec l’association des Business Angels en Alsace.
Littéralement « anges des affaires » ou « investisseurs providentiels », les business angels sont des particuliers qui engagent une part de leurs patrimoines dans une entreprise innovante à fort potentiel de développement, au moment de sa création. Ce capital dit « d’amorçage » est sans conteste la période la plus risquée de l’investissement. « Nous visons un taux de rentabilité interne de 15 %, mais l’exercice comporte un risque élevé. Sur les deux sorties organisées à ce jour, nous avons connu une faillite et un rachat par le porteur du projet. A côté de cela, nous vivons, avec une autre société, une formidable aventure. Elle est aujourd’hui valorisée à plus de sept fois notre mise initiale de 100 000 €. Il y a toujours une pépite pour compenser », confirme Bernard Fliegans, le président de l’association des Business Angels en Alsace.
Depuis 2008, les business angels en Alsace ont examiné plus de 150 projets en assemblées plénières et ont déjà investi, soit à travers leurs fonds d’investissement, soit à titre individuel, 3 millions d’euros dans 13 entreprises régionales. Sans compter les facilités de financement supplémentaires (aides d’Etat, prêts bancaires…) débloquées par effet de levier, qui portent à 6 millions d’euros au total les sommes mobilisées au profit de ces entreprises. « Ce qui compte, c’est le potentiel de l’entreprise et la personnalité des entrepreneurs qui se présentent. Le fait que nous engagions notre propre patrimoine autorise une très grande flexibilité dans la prise de décision mais rend aussi notre regard très sélectif », poursuit l’investisseur.
Formellement créée en novembre 2006, l’association qui a accueilli sept nouveaux membres cette année compte désormais 53 « investisseurs providentiels » qui immobilisent leur argent (le montant minimal de souscription aux fonds est de 20 000 €) pendant au moins sept ans.
Parce que le risque est particulièrement élevé, la perte possible de capital a été prise en compte par le législateur. La loi Madelin prévoit ainsi une réduction d’impôt de 18 % des sommes investies pour la souscription au capital d’une PME , et la loi en faveur du Travail, de l’Emploi et du Pouvoir d’Achat (TEPA) permet un avantage fiscal à l’entrée sur des montants limités ((Selon les conditions prévues par la réglementation en vigueur.)) . Les redevables de l’ISF peuvent imputer 50 % des versements effectués dans les PME (( Dans certaines limites et sous certaines conditions. Cet avantage fiscal ne peut être supérieur à 45 000 €.)) . « Attention, ces avantages sont entre autres conditionnés à l’âge de la société qui doit notamment avoir moins de cinq années d’existence pour la réduction liée à l’impôt sur le revenu. Mais la recherche de l’avantage fiscal n’est certainement pas la motivation première de nos associés » prévient Bernard Fliegans.
L’investissement financier s’accompagne ici d’une implication active dans le suivi du projet. Souvent ancien chef d’entreprise, cadre supérieur actif doté d’un patrimoine ou entrepreneur à succès qui a cédé sa propre entreprise, le business angel met bénévolement à disposition du groupe ses compétences, son expérience, son carnet d’adresses, son énergie et une partie de son temps. Un business angel qui investit dans un projet lui consacre en moyenne deux jours par mois. « Le rapport d’activité pour l’année 2014 montre que nos membres ont participé à une centaine de réunions d’instruction et d’accompagnement. Cela représente environ 5 000 heures de travail », estime Bernard Fliegans.
Simple mécénat de compétence ? Pas exactement. Les acteurs du secteur parlent plus volontiers de « militantisme entrepreneurial ». Leur action au quotidien semble motivée par l’intime conviction que remuer le courant des affaires et faire émerger sur leur territoire les entreprises de demain entraînera la création d’emplois et relancera le cercle vertueux de la plus-value et de la croissance. L’investissement financier et personnel s’avèrera alors bien plus fructeux à long terme que la seule recherche de possibles plus-values immédiates en capital…
Partenaire d’Alsace Business Angels depuis novembre 2011
La Caisse d’Epargne d’Alsace participe aux frais de fonctionnement de l’association et confirme ainsi son engagement aux côtés d’acteurs soucieux de renforcer le dynamisme de la région et de soutenir activement les entrepreneurs locaux. En complément à l’action des business angels, la banque mutualiste propose des réponses aux besoins spécifiques des entreprises innovantes en matière de financement complémentaire.