9 février 2024
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De 1963 à 1971, un peu moins de 50 000 Pagode sont sorties des usines Mercedes. Quarante plus tard, elle continue de faire rêver les amateurs de voitures anciennes. Moins luxueuse que la célèbre 300 SL avec ses portes « papillon », la 230 SL reste une sportive qui, jusque dans son nom, évoque le voyage, lointain et exotique. Depuis quelques années, convoitée par les collectionneurs, sa cote grimpe.
Elle tire son drôle de nom de la forme concave de son toit, ligne jugée à l’époque audacieuse, et qui n’est pas sans rappeler un temple chinois. Lors de sa présentation au Salon de Genève de 1963, la surprise est totale : Mercedes, qui a connu un immense succès avec la 300 SL dont les portières s’ouvrent vers le ciel, a choisi de surprendre son public. Sous la main du designer français Paul Bracq, la marque allemande change de style, disant adieu aux rondeurs, et opte pour des arêtes plus vives. Les spécialistes louent aussitôt son esthétique avant-gardiste. Cette modernité deviendra rapidement intemporelle. Sous le capot bosselé : un moteur six cylindres à injection. Elle ambitionne de réconcilier les sportifs (SL signifie Sport Leichten en allemand, « Sport léger ») et les amoureux d’un certain confort de route. « La 230 SL possède une sportivité feutrée, explique le journaliste et écrivain Thomas Morales. C’est une voiture qui ne demande pas d’effort de conduite particulier comme une Porsche ou une Ferrari, tout en offrant une grande fiabilité. » En 1963, les ceintures de sécurité ne sont pas obligatoires, mais la Pagode en possède une … optionnelle. Toute une époque ! « Elle hérite en outre du châssis des séries W 111 et W 112 dites « Tailfin » et elle est dotée de zones d’absorption à l’avant et à l’arrière en cas de choc », précise en fin connaisseur le rédacteur en chef adjoint de l’édition française de Mercedes Magazine.
Si certains critiqueront son manque de puissance à la longue (elle abat le 0 à 100 km/h en 9,7 secondes et monte à 200 kms/heure, sa vitesse maximale), dès sa sortie, elle prouve qu’elle n’a pas à rougir face aux Italiennes et aux Anglaises, en remportant le rallye d’endurance Liège-Sofia-Liège en 1963, avec l’équipage Eugen Böhringer et Klaus Kaiser.
En décembre 1966, la 230 SL est remplacée par la 250 SL, puis par la 280 SL un an plus tard. Sur les 48 912 exemplaires fabriqués, Olivier Amélineau, responsable communication chez Mercedes-Benz Trucks, estime que 60 à 70 % d’entre elles sont encore en circulation. « C’est une voiture de luxe que l’on peut faire réparer facilement, encore aujourd’hui. ». Les propriétaires de Pagode sont pour la plupart des aficionados tombés dans la marmite depuis leur tendre enfance « J’ai été initié par mon père, mais j’ai toujours préféré la Pagode aux autres, pour son esthétique », se souvient Arnaud. Sur les sites de fans, on peut lire leur récit, untel racontant comment il a d’abord acheté un volant, espérant pouvoir s’acheter la voiture entière plus tard. Ou cet autre propriétaire qui a investi 45 000 euros dans la restauration de son modèle, retrouvé sous les bombes. Une petite fortune quand on sait que l’on peut acquérir aujourd’hui une Pagode pour 50 ou 60 000 euros. « C’est le bon moment pour investir, prêche Olivier Amélineau, car leur cote ne cesse de grimper depuis 5 ans. Bientôt elles seront encore plus chères » … Comme peuvent l’être les légendaires 300 SL (la Mercedes Papillon) ? « Non, celles-ci coûtent le prix d’un bel appartement à Paris ! » Plus qu’un placement, ces voitures suscitent de véritables passions. Le responsable presse de la marque nous apprend que sur les 1 000 membres du Club Mercedes France, une vingtaine a déjà transmis sa voiture à l’un de ses enfants. « Certains propriétaires sont tellement accrochés à leur Pagode, qu’il n’est pas rare de les voir en racheter une deuxième pour continuer à conduire après avoir légué la leur ». Tout, pourvu que la route soit longue !