8 octobre 2024
Le magazine en ligne de la Gestion Privée Caisse d’Epargne pour vous guider dans vos projets patrimoniaux.
Chaque mois, un expert répond à l’une de vos questions autour d’une thématique patrimoniale. Depuis quelques mois, votre conseiller vous interroge sur vos « préférences de durabilité » avant d'investir. Pourquoi, et qu'est-ce que ça change ? La réponse avec Régis Laligant, Ingénieur Patrimonial à la Caisse d'Epargne Ile-de-France.
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Ingrid Labuzan : Beaucoup de nos auditeurs l’ont remarqué, leur conseiller les interroge sur leur sensibilité à la finance durable avant d’investir. Pourquoi ?
Régis Laligant : Effectivement, votre conseiller vous questionne sur vos préférences de durabilité depuis quelques mois. Alors certes, c’est une obligation légale mais c’est aussi et surtout une bonne nouvelle. Dans le cadre de sa mission de conseil, votre conseiller doit tenir compte de vos souhaits, notamment en matière de durabilité. On entrera plus dans le détail mais les questions de durabilité touchent au domaine environnemental, social et de gouvernance. Ce questionnaire vient enrichir un parcours que vous connaissez, puisque votre conseiller vous interrogeait déjà sur un certain nombre de critères pour vous proposer les placements financiers les plus adaptés à votre profil. Ces critères sont, par exemple, vos objectifs, vos connaissances et compétences financières, votre tolérance au risque et votre situation financière. Désormais, il doit donc également prendre en compte vos préférences en matière de développement durable pour vous accompagner vers des investissements en adéquation avec votre sensibilité et votre appétence.
I.L. : D’accord, mais concrètement, comment est-ce qu’on arrive à définir des préférences de durabilité ?
R.L. : Quand on complète ce questionnaire avec les clients, on se rend compte que cela soulève des questions qu’ils ne sont pas forcément posées et que cela permet de définir les préférences de manière précise. C’est toujours un moment très intéressant. On s’organise autour de trois notions dont vous entendez sans doute parler de plus en plus dans les médias, sans forcément savoir à quoi elles correspondent.
Le premier point concerne les investissements durables, au sens de la réglementation européenne. Cette réglementation, vous la connaissez peut-être sous le nom de SFDR (Sustainable Finance Disclosure Regulation). Elle porte sur la publication par les acteurs financiers d’informations en matière de durabilité et vise les enjeux ESG, donc environnementaux, sociaux et de gouvernance. Un investissement dit durable y est ainsi défini comme un investissement dans une activité contribuant à atteindre un objectif environnemental ou social, le tout sans causer de préjudice environnemental ou social et en appliquant de bonnes pratiques de gouvernance. Par bonnes pratiques de gouvernance, on entend par exemple les relations avec le personnel, le respect des obligations fiscales.
I.L. : Le premier volet est donc construit autour de la SFDR ; et le deuxième ?
R.L. : Le deuxième point se base sur la taxonomie. C’est une classification faite par l’Union européenne pour permettre d’investir dans des produits financiers qui soutiennent les entreprises répondant à des objectifs environnementaux stricts, comme la prévention de la pollution au travers de la gestion des déchets par exemple ou bien l’atténuation du changement climatique via la sylviculture. Ces critères pour répondre à la taxonomie sont très exigeants. Ce volet sera ajouté à notre questionnaire ainsi qu’aux allocations proposées à la fin de l’année 2024.
I.L. : Et pour finir ?
R.L. : Le troisième axe correspond à ce qu’on appelle les principales incidences négatives. En clair, cela définit les conséquences négatives importantes que pourrait avoir un investissement en matière environnementale, sociale ou de gouvernance. On peut citer par exemple la lutte contre la corruption pour la partie sociale. Dit comme ça, ces trois axes peuvent paraître abstraits, et c’est tout l’intérêt du questionnaire proposé par votre conseiller. Il nous permet ensemble de définir votre sensibilité et le degré d’implication jusqu’où vous souhaitez aller. Vous pouvez choisir de vous intéresser à ces trois axes, ou seulement à un ou deux d’entre eux, mais aussi choisir de ne pas répondre si vous estimez que vous n’êtes pas du tout sensible à ce sujet.
I.L. : On comprend quand même qu’on a un intérêt réel à répondre à toutes ces questions. Une fois qu’on l’a fait, qu’est-ce qui change ?
R.L. : Une fois que vous avez répondu au questionnaire, on vous définit un profil. Sur la base de ce profil, le conseil de la banque prendra en compte vos préférences en matière de durabilité dans toutes les propositions d’investissement.
Je précise, dans le cas où vous seriez sensible à ces sujets, mais où vous n’auriez pas de préférences spécifiques, que le conseiller pourra vous faire une proposition avec différentes caractéristiques de durabilité. Ce questionnaire est donc une nouvelle étape vers la personnalisation de nos conseils après le niveau de connaissance financière ou le niveau de risque que vous souhaitez prendre. C’est une façon progressive d’aller vers une finance plus responsable collectivement.