8 mars 2021
Le magazine en ligne de la Gestion Privée Caisse d’Epargne pour vous guider dans vos projets patrimoniaux.
Allongement de la durée de vie, nouveaux modèles familiaux… la transmission, élément constitutif de la notion même de patrimoine, est ébranlée par les évolutions sociétales. À quel moment transmettre son patrimoine si l’on vit plus de 100 ans ? Que reste-t-il à transmettre si l’on doit financer sa fin de vie ? Autant de problématiques qui deviennent de plus en plus prégnantes dans la définition d’une stratégie de transmission patrimoniale.
Selon Laurent Alexandre, la personne qui vivra 1 000 ans est déjà née1. Prophétie délirante ou ambition démesurée, l’allongement de la durée de vie n’en reste pas moins une réalité. Première conséquence pour le patrimoine : la transmission tend à s’effectuer de son vivant – la transmission post mortem « ne servant plus à rien », puisqu’elle intervient généralement désormais à proximité de la retraite des enfants, quand leur patrimoine est déjà constitué.
Ainsi, la transmission commence de plus en plus tôt, et en prenant de plus en plus la forme d’un patrimoine humain : éducation, réseau, environnement… Tout ce qui est susceptible d’améliorer la capacité de l’enfant à être autonome et à disposer d’un “bon” capital culturel et social est désormais pris en compte – parfois même jusqu’à impacter l’achat du premier logement, choisi par exemple en fonction de sa localisation proche d’écoles de qualité, plutôt qu’en vue de sa transmission future.
Autre conséquence, la transmission en continu favoriserait les sauts de génération : ainsi, selon Laura Merla, professeure de sociologie à l’Université catholique de Louvain, l’héritage ne se fait plus de parent à enfant mais de plus en plus, de grand-parent (voire d’arrière-grand-parent) à (arrière-) petit-enfant.
Parce qu’elle s’accompagne souvent d’une dépendance accrue, l’augmentation de la durée de vie impacte aussi les stratégies patrimoniales elles-mêmes, qui visent désormais à prendre en compte le critère de l’autonomie. L’autonomie s’entend comme la capacité à faire face à différents aléas (maladie, dépendance, protection du conjoint, voire aide à un enfant adulte fragile).
L’enjeu est donc de préserver et faire fructifier son patrimoine comme une forme d’assurance en prévision d’une baisse de revenus à la retraite, pour ne pas avoir à dépendre de ses enfants (et ainsi peser sur leur propre autonomie). Dans cette optique, la transmission patrimoniale devient secondaire, et se réduit dès lors à ce qui reste du patrimoine “assurantiel” constitué si tous les aléas envisagés ne se sont pas manifestés.
(1) Laurent Alexandre, La Mort de la mort, Editions JC Lattès.