Votre question du mois #18 : Quelles sont les meilleures solutions pour débloquer son épargne salariale lors du départ à la retraite ?

Nous nous penchons aujourd’hui sur la thématique de l’épargne salariale, et notamment sur ce qu'elle devient une fois que l'on arrive à la retraite avec Nadine Huther, Directrice Commerciale réseaux BPCE.

Ingrid Labuzan : Il est assez courant lorsque l’on travaille de bénéficier d’un plan d’épargne salariale. Lorsqu’on part à la retraite, peut-on alors le débloquer et le placer sur un compte qui rapporte des intérêts ? Quelles sont les meilleures solutions ?
Nadine Huther : Tout d’abord, rappelons que lorsqu’on détient un PEE, un plan d’épargne entreprise, les avoirs sont bloqués pour une durée de 5 ans. Il y a 11 cas de déblocages anticipés, et l’un de ces cas est la rupture du contrat de travail, notamment pour son départ à la retraite.
Quant au PERCOL, le Plan d’épargne retraite collectif d’entreprise, les avoirs sont par définition bloqués jusqu’à la retraite ou jusqu’à l’âge légal de départ en retraite.
Néanmoins, il faut savoir que lorsqu’on part à la retraite, l’épargne salariale et retraite constituée au sein de son PEE ou de son PERCOL n’est pas automatiquement « liquidée » et versée au salarié. Il faut faire une demande de déblocage si l’on souhaite récupérer tout ou partie de son épargne.

Ingrid Labuzan : On peut donc faire le choix de débloquer ou non l’épargne de son PEE ou de son PERCOL…
Nadine Huther : Tout à fait, et si vous n’avez pas un besoin urgent de liquidités, mon conseil est de ne pas se précipiter. On peut tout à fait conserver ses dispositifs d’épargne salariale et retraite et continuer à investir dans les fonds communs de placement mis à disposition dans le dispositif proposé par l’entreprise. Il y a beaucoup d’avantages à faire ce choix :
• Tout d’abord, cela permet de continuer de profiter d’un choix de placements diversifié et on peut continuer à réaliser des versements d’épargne sur ces placements.
• Ensuite, cela permet de continuer de bénéficier des frais négociés par l’entreprise qui sont généralement plus faibles que ceux proposés sur des dispositifs individuels.
• Et le dernier point, c’est que cela permet de limiter sa fiscalité l’année du départ en retraite.

Ingrid Labuzan : Vous avez mentionné la fiscalité, c’est un point important, en effet. Est-ce que vous pourriez développer, d’autant qu’il me semble qu’elle est assez complexe ?
Nadine Huther : En effet, il est très important de prendre en compte la fiscalité liée au déblocage de son épargne et là je reprendrai le même conseil : pas de précipitation !
Je m’explique : la fiscalité des dispositifs d’épargne salariale et retraite est très avantageuse. Cependant, elle reste soumise à imposition. Au moment du déblocage anticipé, plusieurs schémas sont possibles et, en cas de choix de sortie en capital sur les plus-values générées par les versements dits « épargne salariale » – l’abondement de l’entreprise, l’intéressement, la participation –, seuls les prélèvements sociaux s’appliquent (à savoir des prélèvements de 17,2 %). C’est le même mécanisme pour les versements volontaires réalisés sur le PEE.

Ingrid Labuzan : Et pour les versements volontaires sur le PERCOL, ça se passe comment ?
Nadine Huther : 2 cas sont possibles :
• Concernant les versements volontaires qui ont bénéficié d’une déductibilité des revenus imposables au moment du versement, ils seront réintégrés au revenu imposable au titre de l’année de sortie et donc soumis à l’impôt sur le revenu.
• Concernant les versements volontaires qui n’auront pas bénéficicié de la déductibilité des revenus imposables au moment du versement, ils seront exonérés d’impôt sur le revenu à la sortie.
Dans les deux cas, les plus-values seront soumises aux prélèvements sociaux (17,2 %) et à l’impôt sur le revenu au taux forfaitaire unique de 12,8 % ou au barème selon l’option choisie.

Ingrid Labuzan : C’est clair, mais pourquoi disiez-vous de ne pas se précipiter ?
Nadine Huther : Nous constatons généralement une baisse des revenus significative au moment de la retraite, avec des frais supplémentaires (plusieurs avantages ne sont plus pris en charge par l’entreprise comme la complémentaire santé , voiture de fonction et téléphone professionnel, qu’il faut reprendre à sa charge).
Notre conseil c’est d’anticiper et d’ajuster son taux de prélèvement à la source.
Et pour éviter d’avoir à verser un complément d’impôt trop important l’année qui suit le déblocage des sommes, il est préférable de prévoir un déblocage échelonné.

Ingrid Labuzan : Si finalement on décide de débloquer les sommes, comment ça se passe ?
Nadine Huther : Les dispositifs d’épargne salariale et retraite permettent plusieurs choix de retraits. Vous pouvez opter pour un retrait sous forme de capital : total ou fractionné pour notamment limiter l’imposition sur les sommes débloquées.
En complément, sur le PERCOL, vous pouvez également opter pour une sortie en rente qui sera imposée en fonction des types de versements concernés. Le mieux, c’est de faire quelques simulations de rentes pour étudier les différentes hypothèses qui vous concernent.

Ingrid Labuzan : Une fois que l’on a débloqué cet argent, en dehors des dépenses personnelles, que recommandez-vous de faire ?
Nadine Huther : On ne le répètera jamais assez mais la diversification peut vous permettre de trouver l’équilibre recherché pour orienter vos choix de placement. Il faut toujours garder de l’épargne disponible en précaution et placer le reste sur différents supports de placement : l’assurance vie, les comptes titres et PEA, l’investissement immobilier… Ces différents supports vous permettront d’épargner en fonction de vos objectifs de placement, de vos projets, et de votre sensibilité au risque.

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