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Les femmes ont moins de patrimoine que les hommes, et c’est un problème pour toute la société

Entre 1998 et 2015, l’écart entre le patrimoine détenu par les femmes et les hommes a quasiment doublé, avec des inégalités majeures en matière de détention d’actifs financiers*. Or il s’agit justement de ceux qui procurent le plus de rendement, notamment à long terme. Comment expliquer un tel écart, à l’heure où la tendance est à la promotion d’une égalité salariale ? Les réponses tiennent autant à un héritage historique qu’à des problématiques très contemporaines, explique Sibylle Le Maire, directrice exécutive du groupe Bayard et fondatrice du média ViveS, premier média sur l'éducation financière des femmes.

Si les inégalités salariales tendent à se résorber, pourquoi un tel fossé patrimonial entre les femmes et les hommes ?

Tout d’abord, les inégalités salariales demeurent encore importantes – le revenu moyen des Françaises est inférieur de 20 % à celui des Français. Concernant le patrimoine, les femmes souffrent d’un double effet : elles en possèdent moins et ne le gèrent pas. Cela est dû à des biais comportementaux et à un héritage historique, remontant notamment au Code Napoléon, qui a écarté les femmes de la gestion patrimoniale et financière (voir notre infographie Les avancées législatives en faveur de l’autonomie financière des femmes). Cela peut sembler anecdotique, mais je trouve le fait révélateur : dès l’âge de 10 ans, les petits garçons reçoivent plus souvent de l’argent de poche que les petites filles et il s’agit de montants plus élevés. Ensuite, dans les familles, on observe que les biens structurants sont préférablement transmis aux hommes, tandis que les femmes perçoivent une compensation financière souvent désavantageuse. Enfin, les femmes se tiennent encore majoritairement éloignées des questions financières. D’après une étude menée par ViveS avec l’IFOP sur le rapport des femmes à l’argent, 85 % d’entre elles n’investissent pas en Bourse et moins de 18 % font régulièrement des investissements.

Les racines de ces inégalités remontent loin dans le passé. Comment expliquer alors l’accélération de l’écart patrimonial ?

Nous assistons à un phénomène de société extrêmement inquiétant : la paupérisation des femmes. Elle tient en premier lieu à l’explosion des familles monoparentales. Dans le cas d’une séparation, le niveau de vie des femmes recule beaucoup plus que celui des hommes. L’effet est pire encore si elles ont pris un congé parental ou un 4/5e. Sur le long terme, et notamment au moment de la retraite, le coût de ces dispositifs est énorme pour les femmes et elles se retrouvent seules à assumer une décision présentée à l’époque comme « familiale ». Il faut ajouter à cela le manque de temps dont disposent les femmes pour se former en matière de finance et pour gérer leur patrimoine.
Alors que ces dernières vivent en moyenne 8 ans de plus que les hommes, ce risque d’appauvrissement constitue une bombe à retardement.

Quelles solutions pour changer cette situation ?

D’abord, il faudrait considérer la sphère personnelle comme une sphère économique à part entière. Pour y parvenir il est important de délivrer plus d’éducation financière, dès l’école, puis au cours de la vie professionnelle. Le monde bancaire et de l’investissement a aussi un travail de fond à effectuer pour s’adresser aux femmes, et il commence d’ailleurs à le faire. Je suis également convaincue que l’on doit opérer un « choc de simplification » des produits d’investissement, et mieux les faire coïncider avec les grandes étapes de la vie. De plus, encourager les femmes à investir servira aussi bien le financement des retraites que celui de la transition énergétique, deux autres enjeux sociétaux majeurs. Enfin, il faut revoir la manière dont est présenté le risque. Plutôt que d’insister sur le risque des produits financiers, il faut rappeler que le vrai risque selon moi, c’est l’absence d’investissement.

ViveS est le premier média dédié à l’indépendance économique et financière des femmes. Il propose une newsletter hebdomadaire gratuite (lien d’abonnement ici), un podcast Osons l’Oseille, et des parcours vidéo avec la ViveS Académie, notamment le parcours Investir pour se familiariser avec l’univers des placements financiers.

* Source Ined, étude 2020 : l’écart moyen de patrimoine entre les hommes et les femmes est passé de 7 000 € en 1998 à 24 500 € en 2015, soit de 9 % du patrimoine individuel moyen en 1998 à 16,3 % en 2015.

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