À la pointe de la modernité

Où l’on fait la connaissance d’une peintre qui est toujours là où on ne l’attend pas.

Nous sommes à la fin du 19^e siècle, à Saint-Étienne. Émilie n’a pas encore 18 ans, mais déjà une idée précise de ce qu’elle veut faire – et ne pas faire ! Alors qu’elle a suivi des cours pour devenir institutrice, elle envoie promener ce métier, l’un des rares auxquels une femme de la bourgeoisie peut décemment prétendre, et décide de prendre une tout autre voie…
Elle sera peintre. Encouragée par son frère, elle se forme auprès d’un artiste lyonnais renommé avant de débuter sa carrière dans la capitale. Son travail est vite repéré par Berthe Weill, une galeriste à l’œil aiguisé – c’est la première à vendre des œuvres de Picasso à Paris !
Émilie Charmy – c’est son nom d’artiste – surprend ses contemporains, car elle ne se cantonne pas aux sujets qu’on considère alors comme « féminins », à savoir les fleurs ou les scènes maternelles et familiales. Elle peint notamment des nus et même des scènes dans des maisons closes, chose totalement inédite pour une femme.
Quant à son style, il est résolument moderne et audacieux. Elle fréquente les artistes des mouvements les plus avant-gardistes comme les « fauves » et les cubistes, tout en gardant sa propre patte. Et ça paie : Charmy obtient la reconnaissance de la critique et de ses pairs, parvient à vivre de son art… et finit même par recevoir la Légion d’honneur ! Tout ceci ne l’empêchera pas, après sa mort, de sombrer dans un relatif oubli…

Crédits photo : Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais / Philippe Migeat.
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