19 septembre 2024
Le magazine en ligne de la Gestion Privée Caisse d’Epargne pour vous guider dans vos projets patrimoniaux.
Où l'on découvre comment créer du luxe avec trois fois rien.
En 1984, la designer française Andrée Putman (1925-2013) reçoit un appel un peu étrange de New York. L’hôtel Morgans la contacte pour vérifier si, fidèle à sa réputation, elle sait effectivement faire des salles de bain sans marbre ou autre matière prestigieuse. Les tout nouveaux propriétaires ont 7 000m2 à réaménager en hôtel quatre étoiles, mais pas un sou !
Depuis toujours allergique au luxe pompeux, Putman rêve de casser les codes rigides de l’hôtellerie. Et ça tombe plutôt bien puisque le budget dérisoire du Morgans ne lui permet pas de les suivre ! Un vol Paris-New York plus tard, et la voilà face à 113 chambres à restructurer complètement. Mais alors qu’elle s’attaque aux salles de bain, les finances l’obligent à se tourner vers le carrelage le moins cher. Son choix se limite donc à trois teintes : rose, blanc ou noir. Putman met un point d’honneur à ne pas céder au rose, trop synonyme de conformisme. Après un temps de réflexion, elle opte donc pour… le blanc et le noir !
La pièce se retrouve ainsi recouverte, du sol au plafond, d’un damier bicolore hypnotique. Le résultat est saisissant. Le reste de l’hôtel suit alors ce qui deviendra sa griffe : mélange de matériaux pauvres et nobles et absence de couleurs. Un autre matériau peu coûteux ? La lumière ! La Française supprime donc tous les néons au profit d’ambiances tamisées et de jeux d’éclairage. À la fin des travaux, l’hôtel Morgans est totalement métamorphosé et le succès immédiat. Alors âgée de 57 ans, Andrée Putman est réclamée aux quatre coins du monde. La retraite ? Très peu pour elle ! Et sa fameuse signature a encore de beaux jours devant elle : sa fille Olivia est aux commandes du Studio Putman depuis 2007.
