Il cache bien son jeu…

Où l’on rencontre un architecte aux mille et un talents.

Nous sommes au cœur de Paris, à quelques pas de la Seine. En contemplant l’élégante façade du Petit Palais, qui se dresse fièrement face à son immense voisin le Grand Palais, il est difficile d’imaginer que ce bâtiment à l’architecture éclectique et sophistiquée cache de véritables trésors de technique et d’ingéniosité…
Remontons le cours du temps, jusqu’à la toute fin du 19^e siècle. La capitale française s’apprête à accueillir l’Exposition universelle de 1900, et voit les choses en grand. A l’issue d’un concours, c’est le projet de Charles Girault qui est sélectionné pour l’édifice destiné à présenter au monde les « arts français » – et rester debout bien après l’Exposition.
Cet architecte déjà primé a plus d’une corde à son arc. Déjà, il n’hésite pas à mélanger les styles : si le bâtiment semble plutôt classique à première vue, il intègre aussi des éléments floraux d’inspiration Art Nouveau. Surtout, notre homme maîtrise de nombreuses techniques et matériaux, ce qui lui permet des innovations multiples : utilisation de béton armé pour les escaliers, charpente métallique, cloisons légères en liège et plâtre, coupoles en briques… Le nec plus ultra reste le système de chauffage assurant une température harmonieuse dans toutes les salles, une petite révolution pour l’époque !
Enfin, Girault prête aussi une attention toute particulière aux détails décoratifs. Ayant débuté sa carrière comme dessinateur chez un ferronnier, il imagine lui-même les rampes des escaliers intérieurs, mais surtout la splendide grille en fer forgé, couvert à la feuille d’or, et qui orne la porte d’entrée. Il ne réalisera pas moins de 34 esquisses avant d’en être satisfait ! Résultat, à peine inauguré, le Petit Palais est immédiatement considéré comme un « musée modèle » et un joyau de l’architecture.