L’arbre qui cache la forêt

Où l’on vient à la rescousse d’une vénérable vieille dame.

Forêt de Bellême, dans l’ouest de la France, en 2023. Une foule s’est rassemblée pour assister à l’abattage d’un arbre. Mais quel tronc peut bien justifier la réunion d’un tel comité en ce froid matin de février ? C’est que ce chêne que s’apprêtent à couper les bûcherons est loin d’être un arbre comme les autres…
Il s’agit du dernier chêne manquant pour entamer la reconstruction de la charpente de Notre-Dame de Paris ! Surnommée « la forêt » en raison des milliers de poutres qui la constituaient, elle fut réalisée au 13e siècle à partir d’arbres plantés au début du Moyen Âge. Une toiture en plomb de 21 tonnes protégeait cette structure en bois.
Malheureusement, le 15 avril 2019, un incendie se déclare dans la cathédrale. Pendant des heures et des heures, l’édifice est ravagé par les flammes. Ce drame n’épargne pas les charpentes centenaires, qui disparaissent en fumée. Et les poutres qui parviennent à échapper au brasier menacent de s’effondrer !
Les charpentiers entrent alors en scène pour éviter la catastrophe : ils installent des arcs en bois afin de renforcer les endroits les plus fragiles. Ils organisent également un dispositif de planchers afin de pouvoir circuler et inspecter les éléments endommagés. Mais le plus dur reste à venir…
Car maintenant que le dernier arbre est coupé, la reconstruction des charpentes peut commencer ! À partir de calculs effectués sur place, les charpentiers dessinent les différents éléments à taille réelle, selon une technique traditionnelle bien particulière. Les pièces de bois sont ensuite taillées puis assemblés une première fois en atelier. Enfin, les charpentiers pourront les hisser sur les hauteurs de la cathédrale, afin de donner à Notre-Dame une nouvelle forêt.