19 septembre 2024
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Après une première formation de céramiste, puis de staffeuse-ornemaniste, consacrée aux ornements intérieurs, Pauline Genty, meilleure apprentie de France 2009, s’est reconvertie dans la restauration du patrimoine, en obtenant son brevet professionnel de taille de pierre en monuments historiques. Une vraie révélation pour cette jeune femme de 27 ans, qui avoue son émotion à traverser ainsi l’histoire de France au quotidien.
Quelle a été votre motivation dans le choix de cette formation ?
J’ai dû arrêter mon métier de staffeuse-ornemaniste pour des raisons de santé, à cause des résines que je manipulais, et j’ai cherché une reconversion dans un secteur proche, lié au patrimoine. En m’intéressant aux monuments historiques, j’ai découvert cette formation de taille de pierre, mais avec un peu d’appréhension sur l’aspect physique du métier.
Précisément, quelles difficultés avez-vous rencontrées dans ce métier surtout composé d’hommes ?
En fait, on ne porte quasiment jamais de charges lourdes, le problème étant davantage lié à l’endurance. Le plus difficile est le début de la formation. C’est comme pratiquer un nouveau sport. On fait travailler des muscles qui n’ont pas l’habitude d’être sollicités. Mais je suis volontaire et le corps s’habitue, à condition de l’écouter et de faire attention à soi. Quant aux hommes, c’est vrai qu’ils sont majoritaires car c’est l’image que l’on donne aux métiers du bâtiment. Mais on rencontre les mêmes difficultés et on est vraiment complémentaire. Il suffit de savoir s’imposer sans en faire trop !
Pensez-vous avoir réussi votre reconversion ?
Oui je pense avoir fait le bon choix, même si, au début, cela a été difficile car le staff était une vraie passion. Contrairement au plâtre que l’on peut modeler à son idée, la pierre est un bloc existant qui s’impose à vous. Il faut apprendre à en connaître les matières, les couleurs, les odeurs et les sonorités. C’est une matière noble. Et puis la taille de pierre est un métier très complet, à la fois solitaire – car il y a des tâches que l’on accomplit seule, et très solidaire – car l’essentiel du travail se fait en équipe. Et de ce point de vue, j’ai la chance de travailler dans une entreprise formidable où j’apprends beaucoup.
« La taille de pierre est un métier très gratifiant » Pauline Genty
Avez-vous un lien particulier au patrimoine français ?
C’est quelque chose que j’ai découvert en travaillant sur des monuments historiques à Paris, en réalisant la chance que j’avais d’accéder à ce type de restauration. Il y a quelque chose de troublant à voir ce qu’il y a derrière une pierre que l’on retire pour la remplacer par une autre. Je trouve ça très gratifiant d’apporter ainsi « sa pierre à l’édifice ». On en retire une certaine fierté.
Quelle a été votre plus belle expérience dans ce métier ?
J’ai adoré travailler sur les Invalides, à Paris. C’est vraiment incroyable d’exercer son métier dans un tel cadre. On se demande comment ils ont fait tout cela, sans avoir les moyens dont on dispose aujourd’hui. C’est très impressionnant. Au début, je ne voulais travailler que sur des monuments historiques, mais j’ai aussi beaucoup aimé participer à des rénovations moins prestigieuses, comme cet hôtel classé des Champs-Elysées où j’ai eu un vrai déclic lors de mon premier stage, ou sur des châteaux appartenant à des particuliers.
Sur quel monument rêveriez-vous de travailler ?
Mon rêve est de travailler sur des cathédrales gothiques, comme celles de Paris ou d’Amiens. Ce sont des édifices majestueux, imposants, qui paraissent inaccessibles. Sur ce genre de chantier, je pense qu’on en prend vraiment plein la vue !
Propos recueillis par Baudouin de Segonzac